Montée du prix du pétrole : vers une nouvelle norme

Portrait de capitole

C’est une grande première sur les marchés financiers, et elle fait du bruit : le cours moyen du baril de Brent brut sur 5 ans est désormais exprimé sur 3 chiffres. En effet, depuis la fin de l’été le cours moyen sur 5 ans a dépassé les 100 USD pour la première fois depuis la cotation de l’actif sur les marchés financiers. Bien entendu, le prix du baril a souvent dépassé les 100 USD, 150 USD notamment en 2008 au moment le plus intense de la crise occidentale. Mais tous les pics ont été réévalués par la suite, laissant les cours moyens dans des proportions stables.

Aujourd’hui, le phénomène est nouveau. La moyenne à 3 chiffres qui fait l’objet de toutes les attentions est la conséquence de la montée continue du prix du baril Brent sur les derniers mois à cause des tensions géopolitiques au Moyen Orient. Et beaucoup d’économistes voient dans ce phénomène une nouvelle norme, un maximum qui va devenir habituel.

 

En 2008, les pics élevés du prix du brut avaient subi la crise économique de plein fouet ; le ralentissement de l’activité économique et la paralysie des marchés boursiers avaient eu un double impact positif sur le prix du pétrole Brent, qui avait été ramené à 50 USD le baril. Mais depuis ce minimum, le prix du pétrole n’a cessé de grimper lentement, sous l’effet de la demande toujours plus importante et des conflits de plus en plus nombreux au Moyen-Orient. Cette situation ne semble pas prête d’être réglée, et bon nombre d’experts ne s’attendent plus à une baisse. Par exemple, pour l’analyste en matières premières M. Stuart chez Crédit Suisse, cette tendance correspond à « une nouvelle norme ». Il n’y a aura pas de sursis cette fois, nous dit-il.

Tout d’abord, l’offre n’arrive pas à suivre la demande. Du côté de cette dernière, elle ne cesse d’augmenter. Chaque année l’espèce humaine se développe et a besoin de plus de ressources fossiles pour se déplacer, produire, consommer… La demande mondiale ne s’est contractée que deux fois au cours des 20 dernières années : pendant la crise, au plus fort, en 2008 et 2009. Mouvements temporaires dues à la panique des consommateurs occidentaux qui ont bridé volontairement leur consommation dans un mouvement de panique.

Mais sur le long terme, la demande ne cesse de croître, et les méthodes nouvelles de production d’énergie de peuvent subvenir à cette hausse. L’Agence Internationale de l’Energie prévoit une hausse de 1,5 % d’ici fin 2014, pour atteindre un nouveau record de 92,7 milliards de barils consommés par jour.

Du côté de l’offre, l’exploitation se trouve dans des conditions médiocres, ce qui explique la difficulté à répondre à la demande. Hors OPEP, seule l’Amérique du Nord arrive à augmenter nettement sa production : les Etats-Unis et le Canada renforcent leurs productions avec respectivement le gaz de schiste et les sables bitumineux. Les autres nations productrices (mer du Nord, Amérique du Sud…) ne parviennent pas à renouveler leurs gisements.

Tout dépend donc des pays de l’OPEP du Moyen-Orient, cœur de la production de pétrole encore et toujours. La situation géopolitique étant très instable, cela a des répercussions sur l’ensemble de l’activité pétrolière : affrontements en Irak et en Afghanistan, tensions en Iran, instabilité de la Syrie, renforcement du terrorisme et des mouvements islamistes déstabilisant la zone… Ces conflits mettent en échec les investissements étrangers et les at-tentes vers ces pays. L’Irak à elle seule portait beaucoup d’attentes de la part de l’Occident : avec 150 milliards de barils de réserve au moins, le pays pouvait atteindre la 2ème place des producteurs de pé-trole, voire même dépasser l’Arabie Saoudite avec des méthodes d’exploitation modernes. C’est dans ce sens que les compagnies pétrolières occidentales ont investi des millions de dollars, afin de faire passer la production irakienne à 8 millions de barils par jour d’ici 2019. Aujourd’hui la production est stable à 2,5 millions de barils, et l’aggravation des violences a entraîné une première évacuation des employés de BP ou Exxon Mobil. L’Irak semble donc condamnée à rester un producteur secondaire du Moyen-Orient pour encore quelques années.

L’instabilité est la source de la baisse de la production : il faudra longtemps avant que « ces régions redeviennent stables pour le secteur pétrolier » estime M. Stuart du Crédit Suisse. L’Irak n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Le mouvement du « printemps arabe », vu trop prématurément comme un mouvement libérateur n’a pas été bénéfique pour l’instant au commerce. En Libye (premier producteur africain), au Soudan, en Syrie…la déstabilisa-tion a entraîné un ralentissement de la production, qui n’a pas encore repris totalement. La production libyenne est passée de 1,4 million de barils par jour à 350 000 cette année.

Même si des perspectives optimistes sont annoncées sur certains pays, l’offre est trop instable pour répondre à une demande en constante augmentation. Le Crédit Suisse a ainsi re-levé ses prévisions quant au cours du Brent, et cela devrait être le début d’une nouvelle norme.

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