Or et monnaie : que se passe-t-il en Suisse ?

Portrait de capitole

Demandez à n’importe quel trader, qu’il soit employé par une banque, professionnel en Bourse ou amateur réalisant ses trades à domicile et il vous le dira : le métier n’est pas de tout repos. Le moindre mouvement du pétrole Brent a des incidences sur le niveau de stress, le dévoilement quotidien des chiffres du marché américain fait couler la sueur de nos professionnels. Un mouvement inattendu à Tokyo, et c’est toute la salle qui sombre dans la panique ; à ce moment, seuls les hommes maîtrisant le mieux leurs émotions parviendront à suivre la voie de notre cher Warren Buffet, et non pas une voie moutonnière qui les mènera à leur perte.

Au sein de ce monde passionnant mais ô combien cruel, certains actifs font figure de pilier, dotés d’une solidité acquise depuis longtemps. Ils permettent de limiter les risques et de gagner en confiance. La Suisse fait partie de ce « havre de paix du trader ». Sa devise est stable, sa Banque Nationale tenue fermement. Le contraire serait étonnant, s’agissant après tout d’une banque helvétique.

Pourtant, certains changements risquent d’arriver en fin de mois, alors que la BNS (Banque Nationale Suisse) décide de réformer sa relation à l’or. Un évènement qui est bien entendu suivi avec attention par le monde de la finance. Qu’en est-il vraiment ?

 

Une monnaie à toute épreuve

Le référendum aura lieu le 30 novembre Le Franc Suisse n’a pas toujours eu la stabilité qu’il possède aujourd’hui, certes. Mais depuis plusieurs mois il règne un calme relatif quand à cette devise et à sa parité avec d’autres, notamment l’euro, la monnaie voisine forte. Alors que le couple EUR/USD fait couler de l’encre et de la sueur tous les jours, la paire EUR/CHF se défend très bien depuis plusieurs années et est désormais stable.

Il faut dire que la confiance du peuple suisse, et du monde entier envers la BNS est assurée. La banque tient fermement sa position, à l’instar de la position de la BCE vis-à-vis de l’inflation. Peut-être avec un peu plus de souplesse quand même.

La devise n’est donc plus un problème. Les Banques Centrales ne sont pas à blâmer, elles savent tenir leurs positions, et nul doute que la BNS réajustera sa position si la marge inférieure du couple EUR/CHF (fixé à 1,20 depuis longtemps) est atteinte.

On peut donc prendre position fermement et investir les yeux fermés. Cette devise constitue dans les portefeuilles des traders un excellent cran de sûreté, un investissement limitant le risque global du portefeuille.

Le temps est donc au beau fixe, et la météo n’annonce pas de perturbations pour les semaines à venir n’est-ce pas ? Pas si sûr… Perturbations, peut-être pas, mais du changement sûrement.

 

 

La fin de l’or suisse ?

Le mauvais temps qui s’annonce porte le doux nom de Gold-Initiative suisse. Il s’agit à la base d’un mouvement citoyen helvétique dénonçant les ventes de l’or national, la « richesse du contribuable ». Ce mouvement fustige violemment les actions des gouvernements passés et de la Banque Nationale Suisse, qui sous pression des Etats-Unis, de l’Europe et des banques suisses auraient vendu massivement son or à des prix bien en-dessous de leur valeur réelle, à des fins d’alliances économiques et politiques.

Ce mouvement, qui part donc d’une bonne intention, souhaite mettre un terme à cette pratique et conserver dans la mesure du possible les lingots d’or aux couleurs helvétiques dans les caves de la BNS. Est-ce une folie, une manipulation ou un véritable élan citoyen tout à fait justifié ? Nous ne sommes pas là pour en répondre, et nous ne débattrons pas ici de cette initiative qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, et qui va se concrétiser de toute manière.

 

Car le gouvernement suisse a accepté de donner à ce mouvement une opportunité de prendre forme, avec un référendum qui aura lieu le 30 novembre. Le peuple suisse décidera alors si son or mérite d’être protégé. Si la réponse est oui, cela signifiera plusieurs changements :

  • La BNS ne pourra plus vendre d’or à qui que ce soit, sauf en cas de mesure exceptionnelle.
  • L’ensemble des réserves d’or de la BNS entreposées dans des pays étrangers reviendra en Suisse.
  • Les réserves de la BNS devront à l’avenir être constituées d’un cinquième d’or au moins.

 

Cette volonté patriotique qu’a la Suisse de protéger son or et ses recettes de chocolats peut faire sourire. Mais les conséquences de ce référendum si le camp du « oui » l’emportait ne doivent pas être traitées légèrement.

Pour maintenir l’objectif de 20% de couverture de la monnaie par l’or, la BNS devrait en acheter d’immenses quantités en des temps limités : 1700 tonnes durant les 5 prochaines années. Cela induit une réaffirmation de l’étalon or, pourtant abandonné par la plupart des grandes puissances depuis les années 2000, Etats-Unis en tête. Il faut dire que la devise très forte de la Suisse ne serait pas étrangère à cette politique. Avec une monnaie aussi stable sur une longue période, une couverture de 20% n’est pas une contrainte si forte. Avant l’abandon de l’étalon or, la couverture était d’au moins 40%, ce qui n’empêchait pas le Franc Suisse d’être une monnaie solide.  

 

Pleins feux sur l'or suisseEt au contraire, cela pourrait renforcer sensiblement la devise. A tel point que cela en serait dangereux, selon certains avis, notamment celui de Thomas Jordan, président de la BNS. Les quantités faramineuses d’or à acheter pendant les cinq prochaines années iraient soutenir le cours du matériau, faisant du Franc Suisse lié à l’étalon la monnaie la plus stable du monde.

Conséquence de cela, la parité EUR/CFH aurait bien du mal à se défendre et à imposer sa limite inférieure de 1,20. Surtout que la BNS pourrait plus difficilement maîtriser les spéculations du marché contre sa monnaie. Et cela pourrait dans le même temps inciter d’autres pays à suivre cet exemple afin de posséder une monnaie solide pour attirer les investissements étrangers. On peut donc en conjecturant fortement imaginer un retour massif à un système pourtant considéré comme désuet depuis plusieurs années, et ce pour de bonnes raisons.

 

Bien entendu, il ne s’agit que d’hypothèses. Rien de concret ne laisse présager un changement économique mondial suite au référendum. Toutefois, si le « oui » venait vraiment à l’emporter le 30 novembre comme semble l’indiquer les sondages, le marché de l’or subira un nouveau tournant historique. Les enjeux de cet appel aux urnes sont bien plus grands qu’il n’y paraît.

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